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"Et avec les mains, que savez-vous faire ?"

Formations techniques, en 1982...Telle est question qui pourrait être posée à un élève entrant à l'École, C'est aussi la question que lui posera deux ans plus tard, son futur employeur. Entre-temps, que s'est-il passé ?

Que peut-on attendre, aujourd'hui, d'un jeune chef de base sortant de l'École après ses deux années de formation ? Quel que soit l'emploi qui lui est proposé (responsabilité d'une école de voile, d'un port de plaisance, location de bateaux, vente d'accastillage, etc.), il est certain que son employeur réclame avant tout de lui une compétence technique indiscutable. Embauché comme responsable d'un centre nautique, par exemple, le chef de base doit disposer d'un savoir-faire et de connaissances lui permettant d'assurer :
- les réparations et les dépannages courants ;
- la révision et le grand entretien annuel ;
- le choix, à l'achat, d'un matériel adapté aux usages prévus et aux moyens d'entretien disponibles.

L'employeur souhaite évidemment pouvoir lui confier la responsabilité complète de ce secteur, en étant assuré que le travail sera mené à bien et qu'il sera de qualité. Il souhaite aussi que ce chef de base soit capable, le cas échéant, d'animer une équipe, de former des bénévoles pour le seconder, de dialoguer efficacement avec les professionnels des différents corps de métier.
 
Le but de l'enseignement technique à l'École est de rendre les élèves aptes à remplir un tel contrat.

Le contenu de l'enseignement

Les élèves consacrent cinq mois environ à étudier les techniques du bois, du contre-plaqué, des stratifiés, des résines thermoplastiques ; les peintures, les mastics, les colles ; la mécanique, la soudure ; le matelotage, la voilerie, etc.

En si peu de temps, et dans tant de domaines différents, il n'est certes pas possible d'acquérir une pratique manuelle digne d'un professionnel spécialisé. Ce n'est pas notre but. Plus tard, sur le métier, le jeune chef de base pourra développer telle ou telle technique en fonction de ses activités, et en peu de temps parviendra à acquérir le "coup de main". Mais pour y parvenir, il lui est indispensable d'assimiler, à l'École
- Dès la première année le maniement et l'entretien des outils simples, à main ou motorisés ; les techniques de réparation des petites unités ; les méthodes de dépannage des moteurs courants ; tous les aspects de l'entretien d'un croiseur lourd, à voile ou à moteur.
- Au cours de la seconde année les méthodes de construction courantes, en bois, contre-plaqué, stratifié, métal.

Les moyens utilisés

Pour assurer cette formation, l'École dispose de moyens importants. Son atelier est équipé de machines à bois, fixes et portatives. Chaque élève est muni d'un outillage individuel complet. La proximité du chantier du Centre nautique des Glénans assure un environnement professionnel compétent, qui se prête volontiers aux questions des élèves. Mais surtout, ceux-ci ont à leur disposition un champ d'expérimentation irremplaçable, avec les bateaux du CNG et ceux des écoles de voile voisines.

En première année, l'extrême diversité de ces bateaux permet d'aborder tout l'éventail des travaux courants. Il ne s'agit nullement d'une approche théorique : tous les travaux pratiques portent en effet sur des réparations réelles, sur du matériel effectivement en service. On évite ainsi les "hypothèses d'école", c'est bien de la réalité qu'il s'agit ! Cela signifie qu'il faut faire le travail jusqu'au bout ; que les conséquences d'une erreur sont vérifiables ; que le résultat est jugé par des personnes de l'extérieur. Ces conditions de travail nous semblent aptes à développer les trois exigences fondamentales : sens de la responsabilité, nécessité d'aboutir, nécessité d'effectuer un travail de qualité.

Il en est ainsi de tous les stages de réparation, et aussi du cycle complet d'entretien d'un croiseur, qui est effectué sur des bateaux du CNG (un bateau pour deux élèves). Mais les mêmes exigences se retrouvent dans les stages de construction, puisque tous les produits (établis, canoës, planches à voile, optimists) sont vendus, au profit de l'École, à des associations diverses.

Précisons que cette obligation d'un travail de qualité n'occulte pas le souci d'une progression très précise, à l'intérieur de chaque stage. Le contenu de chacun d'eux est volontairement limité (Définition du premier stage de bois, par exemple : Durée, 40 h. Programme : fonctionnement, pratique et entretien de la scie, du rabot et du ciseau ; construction d'un établi).

Clairement défini en début de stage — pour permettre aux élèves de juger en fin de stage si les objectifs ont été atteints —, ce contenu est repris point par point dans un document polycopié qui synthétise l'apport oral fait en cours de stage et renvoie aux documents classés en bibliothèque.

En seconde année, on retrouve le même principe de réalisation concrète. Les élèves mettent sur pied ce que l'on appelle leur "grand projet" : ils effectuent d'abord une véritable étude technique sur un ou plusieurs matériaux de leur choix, en collaboration avec un architecte ; ils définissent ensuite un projet de construction particulièrement adapté au matériau qui les intéresse ; puis ils le mettent en oeuvre. Cette réalisation dure de un à trois mois et sert d'axe à toute la deuxième année. Ainsi ont été réalisés :
- deux micro-cuppers en contre-plaqué (1979),
- un dériveur en bois moulé (1980),
- un trimaran en bois moulé et sandwich-balsa (1981),
- une planche tandem de randonnée en stratifié époxy (actuellement en cours).

Bien entendu cette approche originale, très rapide et directe des problèmes techniques, nécessite des encadrants d'un type particulier. Les professeurs permanents de l'École sont des chefs de base qui ont déjà une solide expérience du métier et qui ont eu l'occasion de se perfectionner dans une ou plusieurs spécialités. Mais, afin de diversifier les contacts, l'École fait également appel à des "intervenants", professionnels d'une technique, particulièrement informés sur des points précis (personnel technique du CNG, mécaniciens de marine, voiliers, chefs de base en exercice, etc.).

La formation technique à l'École a été l'un des premiers secteurs sur lesquels s'est porté l'effort de l'équipe ECB. Cet effort se révèle payant, si l'on en juge par la cote qu'ont actuellement les chefs de base sortants sur le marché du travail. Il faut reconnaître d'ailleurs que cet effort est facilité par le très vif intérét que portent les élèves aux stages techniques. Au départ, la plupart d'entre eux ont peu, au pas de formation dans ce domaine, mais très vite, au-delà de la découverte des matériaux simples, leur demande évolue vers des matériaux composites et les techniques les plus modernes. Bien entendu, un certain nombre de "rêves étoilés" (construction classique, soudure aluminium, époxy-kevlar) restent en partie inassouvis, ces techniques n'étant pas encore d'un usage quotidien. Nous ne les négligeons pas pour autant et cherchons à prévoir les formes qu'elles prendront demain : il importe que ces "rêves étoilés" restent un moteur pour les jeunes chefs de base, qui pourront peut-être les mettre en oeuvre dans leur centre et créer ainsi une dynamique nouvelle et originale.

Mais il est bien évident que notre souci premier est de leur donner d'abord des bases solides, d'en faire de véritables professionnels du nautisme, polyvalents et immédiatement efficaces.

Article rédigé par Jean-Louis DAUGA, ancien élève de l'ECB et responsable de la formation technique, en 1983

 

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